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GAIA-X : le projet de cloud européen souverain

A l’ère du Big Data, les échanges de données deviennent un enjeu de souveraineté crucial. L’Europe en a bien conscience. Le vieux continent sait également que le marché du cloud est dominé par les Gafam, qui dictent de fait les règles du jeu. Par conséquent, les pays membres de l’UE ont décidé de leur répondre en lançant GAIA-X. Ce projet consiste à mettre en place une infrastructure de données en forme de réseau sécurisée, performante, compétitive et fiable. Retour sur l’ambition de GAIA-X, ses avancées et ses enjeux.

Il n’y a pas qu’en matière d’application mobile que la souveraineté numérique est importante. Sur le terrain du cloud aussi, l’Europe veut tirer son épingle du jeu. Pour offrir une alternative aux solutions de Google, Amazon et Microsoft (Gafam), les géants d’internet qui contrôlent 69% du marché du cloud européen, le vieux continent a lancé un projet ambitieux : GAIA-X, une infrastructure de données qui met davantage l’accent sur la sécurité, la transparence et la protection des données. Précisions.

GAIA-X a officiellement été lancé en 2019. Initialement il s’agissait d’un projet de cloud souverain allemand (associé à des entreprises allemandes comme SAP, Siemens, Deutsche Telekom…). Un an plus tard, GAIA-X s’est élargi à toute l’Europe. Le 24 juin 2020, Peter Atmaier (ministre fédéral allemand de l’Economie et de l’Energie) et Bruno Lemaire (ministre français de l’Economie et des Finances) ont effectivement décidé de transformer GAIA-X en projet de cloud souverain européen.

L’ambition de GAIA-X est de créer un écosystème numérique commun, fiable et transparent entre tous les pays européens. GAIA-X souhaite également favoriser l’échange de données entre les acteurs issus d’un même secteur d’activité. Aussi, le projet cloud européen vise à proposer le plus grand nombre de services, plateformes, outils et infrastructures souverains permettant aux utilisateurs d’échanger des données dans un réseau sécurisé et dans un cadre éthique.

Les Data Spaces sont également des briques fondamentales pour la structuration de GAIA-X. Il s’agit de systèmes où la sémantique est réglée pour que les différents acteurs se comprennent. Les Data Spaces sont également définis comme des jumeaux numériques des objets de l’écosystème qui seront traités par les infrastructures. Ces objets et ces infrastructures constituent les deux unités de base de GAIA-X. Les Data Spaces leur donnent une raison d’être, en apportant des cas d’usage sectoriels puis transversaux. Leur substrat : l’échange et la valorisation de données dans un contexte souverain.

Selon l’opérateur de technologies digitales pour les entreprises Hub One, le Data Space à toute sa place dans le secteur agricole. « L’enjeu du monde agricole est de redonner la pleine gestion de leurs données aux exploitants agricoles : que ce soit la donnée issue du traçage complet, des animaux, du suivi des rendements, des cultures, de la robotisation des traites… », indique l’opérateur dans un article de son blog.  

Ainsi, la création d’un Data Space agricole, en tant qu’espace de données sectorielles, favorise le partage d’informations stratégiques. La création d’un Data Space permet également d’établir des normes assurant que les données soient bien partagées dans un réseau sécurisé. Rappelons qu’aucun échange d’informations ne peut se faire sans le consentement des agriculteurs.

Évalué à 10 milliards d’euros sur 7 ans, le projet GAIA-X s’accompagne de deux étapes majeures. On attend tout d’abord du projet qu’il établisse une base de règles et de normes communes pour les entreprises. La seconde phase consiste à ouvrir le projet Cloud européen à des acteurs non-européens proposant une infrastructure cloud et/ou service. Depuis novembre 2020, plus de 300 entreprises européennes, issues de 22 pays, ont adhéré à  GAIA-X.

GAIA-X a réalisé quelques avancées concrètes depuis sa création. En 2021, 3 hackathons GAIA-X ont été organisés. L’architecture et le concept du projet a également été réalisée. Cette année, la labellisation GAIA-X a été définie et hiérarchisée. Cette dernière sera donc scindée sur 3 niveaux d’exigence (1 : pas de spécifications techniques – 2 : localisation des données – 3 : opérateur européen du service cloud). Des espaces de données GAIA-X se sont aussi déployés dans plusieurs pays (national hubs).

Le projet de meta-cloud européen prévoit d’ici 2025 trois nouvelles étapes de développement. GAIA-X soutiendra tout d’abord l’activation du marché de l’Union européenne. Puis, il aidera à activer l’économie des écosystèmes de l’UE. Enfin, GAIA-X installera l’UE sur le marché de l’économie des données.

Jean-Sébastien Mackiewicz, Directeur Business Line Solutions Aéroportuaires chez Hub One, se félicite de cette initiative. « Le projet GAIA-X est une formidable occasion de nourrir une réflexion européenne commune autour de DATA plus souveraines, plus respectueuses de la vie privée et plus engagées sur les enjeux de la cybersécurité. C’est un projet capital pour développer de nouvelles offres sur les données en Europe et faire émerger un nouvel écosystème de création de valeur », conclut l’expert.